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Les Ikoniens et le reste du monde

Généralités
La division de la culture ikonienne en trois grandes branches après la destruction de l’archipel résulte surtout de la manière dont les survivants vécurent ce désastre ainsi que la chute de l’Hégémonie.

Ainsi, les sédentaires souhaitent préserver leur identité ikonienne mais sont conscients que les autres peuples n’ont pas oublié leur ancienne domination. Affirmer cette identité tout en évitant de se mettre à dos leurs voisins résume leur ligne de conduite. Les nomades, à l’inverse, se moquent bien d’une quelconque unité ikonienne. Issus majoritairement des couches les plus modestes de l’Hégémonie (Effectuateurs peu considérés et Indigents), leurs ancêtres ne voyaient aucun intérêt à préserver un système dans lequel on ne leur accordait guère d’importance. Les ouramans, quant à eux, pensent que l’Hégémonie aurait pu évoluer autrement, si une dimension plus collective et respectueuse de sa diversité culturelle avait pu voir le jour. Les dogmes sociaux de l’Église Séraphique et son organisation même en font, du point de vue des ouramans, le meilleur outil possible pour stabiliser les sociétés continentales et éviter dans le même temps les frictions qui causèrent la fin de l’Hégémonie. A cet égard, la guerre civile qui brisa en deux l’Empire de Celalta suscite bien des controverses au sein de la hiérarchie de la Cité Sainte.

Des relations complexes
Parmi les Ikoniens, les ouramans sont les généralement les plus entreprenants, car ils sont majoritairement persuadés que leurs cousins sédentaires et nomades devraient se tourner vers la foi séraphiste, ou en tous cas accepter l’unification de tous les Ikoniens dans un but commun : refonder une société puissante, dotée d’une culture respectée. Ils entreprennent donc souvent des campagnes de conversion dans l’espoir de resserrer les liens entre la Cité Sainte et les autres Ikoniens. L’Église Séraphique abrite pourtant son content de réactionnaires, qui souhaitent que les descendants des fondateurs de l’Église conservent la haute main sur cette institution. Si les Ikoniens issus des rangs des sédentaires ou des nomades sont les bienvenus, on rechigne à les laisser accéder aux plus hautes fonctions, et ces réactionnaires livrent depuis des générations une bataille perdue pour limiter l’ascension dans les hiérarchie des convertis issus d’autres peuples. Cependant, ces réactionnaires sont minoritaires, car la majorité des Hiérarques de l’Église est consciente qu’elle peut difficilement étendre l’influence de sa foi si elle exploite la piété des autres peuples sans leur donner une part de la grandeur et du pouvoir auxquels ils participent. Les siècles d’efforts qui ont permis l’assimilation des habitants des Protectorats montrent bien aux yeux de cette majorité que l’influence de l’Église et la restauration d’Ikonia ne sauraient être possible sans la participation de plein droit de tous ceux qui embrassent ces causes : natifs de la Cité Sainte, Ikoniens sédentaires ou nomades ainsi que les alliés et les convertis étrangers. La nouvelle Ikonia, dont l’avenir est encore bien nébuleux, se confondra pour l’essentiel avec l’Église Séraphique, et cette dernière doit déjà beaucoup aux générations de convertis qui ont contribué à son essor.

Les dirigeants de plusieurs communautés sédentaires jouissent d’une influence locale assez forte, à Bevelenus par exemple. Mais la plupart des sédentaires veulent avant tout éviter les problèmes avec leurs voisins et sont peu portés sur les grandes ambitions politiques. Il leur importe surtout de veiller sur leur communauté. Durant les premiers siècles de l’Empire, une discrimination réelle existait et les agressions ou attaques contre les Ikoniens étaient assez nombreuses. Les choses se sont lentement calmées et si une certaine prudence méfiante demeure, les frictions sont devenues bien rares en réalité. Un examen attentif de la généalogie célianne montre d’ailleurs que les mariages mixtes ont existé depuis l’aube de l’Empire, jusqu’au sein de lignées patriciennes parmi les plus prestigieuses. Cependant, pour la plupart, les Ikoniens sédentaires perpétuent les ambitions matrimoniales et les distinctions de leurs ancêtres Effectuateurs : ils s’intéressent bien plus aux rivalités internes à leurs communautés qu’au monde extérieur. Si plusieurs quartiers ikoniens sont connus pour leur hospitalité ou leur cosmopolitisme (à Celalta notamment), dans la majeure partie des cas, les non-ikoniens n’y sont guère bienvenus s’ils essaient de s’y installer.

Les clans  nomades quant à eux ne se mêlent pas de politique, évitent de prendre parti et ont tendance à privilégier avant tout les relations individuelles. S’ils demeurent circonspects envers tous ceux qui n’appartiennent pas au clan, ils se soucient peu en fait des origines ikoniennes ou non de leurs interlocuteurs. Les nomades ont déjà fort à faire avec leurs rivalités, leurs querelles de clans et la propension des autorités à les considérer comme des boucs émissaires. Les personnes extérieures au clan sont donc jugées selon leurs actes, bien plus que selon leurs origines. Il n’y a guère que lorsque des liens de sang avérés interviennent (principalement entre les clans, donc, mais aussi avec quelques communautés ikoniennes sédentaires) qu’une certaine solidarité ethnique est de mise.

Sources de tensions
Les dernières grandes flambées de violence anti-ikonienne remontent à plusieurs siècles, mais il peut encore y avoir des troubles locaux à la suite, par exemple, de délits commis par des nomades de passage. La propension de quelques familles nomades à se livrer à diverses escroqueries a suscité en effet une certaine méfiance envers l’ensemble des Ikoniens qui vivent sur les routes, de la part des autres peuples ainsi que de la majorité des sédentaires et des ouramans. A cela s’ajoute le fait que les nomades descendent en grande majorité d’Effectuateurs aux professions peu considérées, ou d’Indigents. Ils sont en majorité persuadés que de toute manière, jamais leurs cousins sédentaires ne les traiteront avec respect, sans parler des prosélytes ouramans. Comme ils ne se montrent guère zélés à l’idée de préserver les valeurs antérieures à la Chute, ou à convertir les autres à leurs croyances, les nomades sont globalement aussi peu appréciés par leurs cousins ikoniens que par le reste du monde.

Si les sédentaires évitent autant que possible de provoquer leurs voisins, des rivalités commerciales ou des inimitiés personnelles peuvent cependant attirer l’hostilité sur une communauté. Des agressions et des destructions de biens sont dans l’ordre des choses si les esprits locaux les plus échauffés pensent pouvoir compter sur la complaisance, ou même le soutien, des autorités. Les mariages entre sédentaires et non-ikoniens peuvent également provoquer des conflits, surtout si la communauté ikonienne pense qu’elle sera perdante à terme (par exemple, lorsqu’une famille de négociants aisés a pour seule héritière une jeune femme qui décide d’épouser un non-ikonien).

Les sédentaires ont également à coeur de garder à l’oeil leurs cousins ouramans, lorsqu’ils s’installent dans le voisinage ou s’y manifestent fréquemment.  Dans leur souci d’intégration, ou tout au moins d’acceptation, la majorité des sédentaires redoute que les efforts de conversion de leurs cousins venus de la Cité Sainte finissent par susciter l’hostilité des autres peuples, à commencer par les Célians. Ces derniers ont toujours été orgueilleux, et leur susceptibilité ne s’est pas arrangée avec la Guerre Civile. Le fait que l’Église incorpore de plus en plus d’étrangers dans ses rangs est perçu avec une certaine ambivalence par les sédentaires. D’un côté, cela montre que la Cité Sainte ne souhaite pas restaurer l’Hégémonie et sa discrimination ethnique avérée. Dans le même temps, on peut aussi s’interroger sur la place dévolue aux Ikoniens eux-mêmes dans les plans de l’Église. Les dirigeants de la Cité Sainte n’étant pas unanimes à ce sujet, malgré des assurances verbales réitérées, les sédentaires se montrent en général assez tièdes dés qu’on leur demande de faire davantage qu’embrasser la foi séraphiste du bout des lèvres. Leurs communautés comptent de nombreux adeptes du séraphisme, mais les plus fervents ont tendance à partir, pour rejoindre les rangs de l’Église, ou s’installer dans les territoires qu’elle contrôle.

Les Ikoniens après la chute

Une fois l’archipel d’Ikonia ravagé, les survivants se divisèrent en trois grands groupes, les sédentaires, les ouramans et les nomades, qui perdurent encore aujourd’hui. Cette division de la société ikonienne a émergé principalement par la façon dont les Ikoniens vécurent la chute de l’Hégémonie et la destruction de leur archipel natal. Ainsi, les sédentaires souhaitent préserver leur identité ikonienne mais sont conscients que les autres peuples n’ont pas oublié leur ancienne domination. Affirmer leur identité tout en évitant de se mettre à dos leurs voisins résume leur ligne de conduite depuis les origines.

Les ouramans, quant à eux, pensent que l’Hégémonie aurait pu évoluer autrement, si une dimension plus collective et respectueuse de sa diversité culturelle avait pu voir le jour. Les dogmes sociaux de l’Église Séraphique et son organisation même en font, du point de vue des ouramans, le meilleur outil possible pour stabiliser les sociétés continentales et éviter dans le même temps les frictions qui causèrent la fin de l’Hégémonie. A cet égard, la guerre civile qui brisa en deux l’Empire de Celalta suscite bien des controverses au sein de la hiérarchie de la Cité Sainte.

Les nomades, à l’inverse, se moquent bien d’une quelconque unité ikonienne, quelles que soient ses ambitions. Issus majoritairement des couches les plus modestes de l’Hégémonie (Effectuateurs peu considérés et Indigents), leurs ancêtres ne voyaient aucun intérêt à préserver un système dans lequel on ne leur accordait guère d’importance.

Les sédentaires
Ils sont présents dans de nombreuses agglomérations à travers les territoires contrôlés par les Célians et les Lyrriens. Ils vivent surtout dans des enclaves ou des quartiers délimités. On trouve également de petites communautés ikoniennes à Belvorov et sur plusieurs îles de la Mosaïque. Ces Ikoniens tentent de préserver une certaine identité culturelle, tout en cohabitant avec leurs voisins bien plus nombreux. Les mariages entre ikoniens de différentes enclaves sont fréquents, mais ceux avec des personnes issues des autres peuples bien plus rares. Les coutumes des sédentaires mélangent à la fois l’héritage ikonien et les us des Lyrriens ou des Célians. Le système des castes existe toujours au sein des communautés sédentaires, mais on ne trouve presque pas de Promoteurs et une poignée seulement de Parfaits. Dans la pratique, les sédentaires sont quasiment tous des Effectuateurs, même si en dehors de leurs quartiers et enclaves, personne n’en a cure. Les enclaves ikoniennes sont généralement pleinement intégrées à la société locale et ne se distinguent que par les us de leurs habitants, et une tendance prononcée à régler leurs problèmes en interne sans impliquer les autorités. Si tous leurs résidents se considèrent avant tout comme des Ikoniens, sur le plan légal, leur situation a beaucoup varié selon les lieux et les époques. Actuellement, les sédentaires sont considérés comme des citoyens impériaux à part entière, par exemple, alors qu’il y a encore un siècle, ils étaient rabaissés au rang d’étranger et qu’il arrivait que des patriciens les fassent expulser et réduire à l’esclavage pour s’emparer de leurs possessions.
Le grand quartier ikonien de Celalta est hospitalier et accueille une foule de fêtards ainsi que des voyageurs de passage, mais il est assez atypique. La majorité des autres enclaves vivent de manière nettement plus autarcique et leurs résidents se montrent assez circonspects envers les visiteurs, allant jusqu’à refuser de les servir dans les commerces du quartier.  Si les lois céliannes ou lyrriennes n’interdisent à personne de s’installer dans un quartier ikonien, dans les faits, rares sont ceux qui s’y essaient et plus rares encore ceux qui parviennent à se faire accepter.

Les ouramans
Ils se désignent d’après l’ancien nom de la Cité Sainte, Ouramas. Fondateurs de l’Église Séraphique, ils veulent donner un nouvel essor aux vieilles ambitions civilisatrices d’Ikonia, en œuvrant à travers leur église à fédérer les différents peuples. Les ouramans ont également conservé le système des castes d’origine, mais ils l’ont sensiblement modifié en y donnant une meilleure place aux non-ikoniens. Ainsi, quelles que soient leurs origines tous les prêtres séraphistes ordonnés font automatiquement partie de la caste des Parfaits, de même que tous les officiers de l’armée de la Cité Sainte rejoignent les rangs des Promoteurs. Dans les territoires de Protectorats, les descendants des Déchus qui ont prêté allégeance à la Cité Sainte sont devenus les Isones, littéralement « ceux qui sont égaux en droits ». Ils sont pleinement intégrés au système des castes et plusieurs lignées isones sont parvenues à atteindre des positions d’importance dans la hiérarchie ouramane. Cependant, les Hiérarques qui dirigent l’Église Séraphique sont encore presque tous des Ikoniens, et les rares Isones qui sont parvenus à se hisser à ce rang ne nourrissent guère d’espoir que l’un d’eux puisse dans un avenir proche devenir Primarque et prendre la tête des séraphistes.

Les nomades
Les nomades ont fait le choix de vivre à l’écart des grandes agglomérations et de tourner le dos aux anciennes traditions ikoniennes, pour créer une société qui leur convienne davantage, sans avoir à se justifier auprès des autres peuples. Les nomades ont adopté un système social clanique, se divisant en familles itinérantes. Ces groupes rejettent le principe des castes et élisent le plus souvent leurs chefs parmi les candidats disponibles. Ces dirigeants occupent généralement leur poste à vie, mais certaines familles préfèrent un système de mandat temporaire, obligeant les chefs à prendre soin des leurs s’ils veulent rester au pouvoir. Les nomades sont généralement peu soucieux de préserver une quelconque « pureté » de leurs lignées. Ils adoptent volontiers des étrangers désireux d’intégrer leurs communautés, du moment qu’ils s’engagent à en suivre les coutumes, à respecter les traditions et à prendre un nom ikonien. Il faut cependant reconnaitre que la plupart des étrangers considèrent les nomades comme des gens à la morale douteuse, et n’envisagent absolument pas de rejoindre leurs rangs.