Les guerriers

L’histoire de l’Empire est surtout celle de l’union
militaire des tribus céliannes, soumises par les Ambrosius. Puis vint le tour
des peuples voisins, conquis (comme les Lyrriens et les Déchus) ou en tous cas
forcés de cohabiter avec les conquérants venus de Celalta (les Brumaires de
l’est, les Mintakai, les Mearans et les Sargues). La civilisation impériale
attache donc en toute logique une importance certaine au statut de guerrier. On
en trouve déjà un exemple significatif lorsqu’on s’intéresse à l’étiquette,
puisque si la majorité des nobles impériaux se voient affublés du respectueux
« votre présence » quand on leur adresse la parole, les dirigeants
des maisons patriciennes quant à eux portent fièrement le « votre
force », hommage à leurs ancêtres conquérants.
La loi autorise tous les citoyens impériaux à disposer des
moyens de se défendre, mais dans le même temps, elle délimite la constitution
de forces armées officielles. Les maisons patriciennes sont en effet légalement
contraintes à ne pas dépasser certains effectifs militaires permanents, même si
mercenaires, supplétifs et forces de maintien de l’ordre constituent un vivier
appréciable de « troupes auxiliaires », plus ou moins reconnues comme
telles. En dépit de ces contournements en tous genres, et bien que chaque
maison noble possède une puissance militaire réelle, le cœur des forces armées
de Celalta demeure les légions impériales. 
Celles-ci sont en théorie sous le
contrôle du souverain, mais une mobilisation à grande échelle des légions n’est
possible qu’avec l’aval du Sénat, ce qui permet un certain équilibre des forces
en dehors des périodes de crise. Les légions constituent l’armée nationale de
l’Empire et une voie de carrière intéressante pour nombre de fils cadets de la
noblesse et plus généralement des citoyens. La loi permet de signer un, ou
plusieurs, contrat d’engagement de cinq, dix ou quinze ans dans les légions et
tout légionnaire cumulant vingt années de service bénéficie automatiquement
d’une rente pour ses vieux jours. Pour peu qu’il soit officier, elle peut
s’avérer très significative, même si l’on est loin de l’époque où les vétérans
se voyaient offrir des terres conquises, petit à petit remplacées par un
virement régulier d’argent.
Les Princes de la Ligue ne sont pas encore parvenus à
constituer une armée unifiée pour défendre leurs territoires et chaque province
qui a fait scission de l’Empire doit pour l’essentiel compter sur ses propres
forces, et le soutien potentiel du Prince le plus proche. Si l’Empire est sorti
durement affaibli de la guerre civile, il n’est pas dit qu’en cas de nouvelles
hostilités les légions impériales (qui causèrent de sérieux revers aux
rebelles) ne constituent pas une menace sérieuse pour l’avenir des anciennes
provinces septentrionales.
Il n’est pas rare qu’en plus de ses soldats officiels, une
maison noble compte un certain nombre d’anciens légionnaires revenus à la vie
civile mais tout à fait capables de combattre. Nombre de légionnaires natifs
des provinces du nord ont d’ailleurs déserté durant la guerre civile, ou se
sont mutinés pour rejoindre leurs terres natales.
(Drusus Maranteo, fils du baron Sertor et combattant de formation)
 
Le gladius (glaive) reste l’arme de prédilection des
célians, suivi de près par l’épieu cher aux campagnards et très semblable au
pilum du légionnaire. L’arc est l’arme de trait par excellence, alors que la
fronde et l’arbalète sont tenues en piètre estime. Armes d’hast ou contondantes
ne sont guère appréciées. Une minorité conséquente d’anciens soldats, notamment
des officiers, arbore le sicatius, un sabre à lame droite pourvu d’un seul
tranchant, mais parmi les troupes mercenaires, l’épée longue d’origine brumaire
a aussi ses partisans.
L’armure la plus fréquemment portée est la cotte de cuir,
arborée par nombres de miliciens, licteurs (policiers) et condottieri
(mercenaires), mais également par une quantité appréciable de civils vivant
dans des régions peu sûres. Elle est suivie de près par la cuirasse célianne,
omniprésente au sein des légions et des forces régulières de la plupart des
maisons patriciennes. La cotte de mailles brumaire et l’armure de plaques
venues des Froidelandes ont leurs adeptes, mais ne sont pas considérées comme
des armures dignes de ce nom par la plupart des guerriers célians.
Le statut de condottiero (ou « gentilhomme de
fortune » comme disent les Lyrriens) est ambigu, car ce terme regroupe
aussi bien les soldats de métier devenus mercenaires que les aventuriers en
tous genre, ou même les tueurs à gages et autres lames à louer. Cependant, les
héritiers de plusieurs maisons patriciennes anéanties durant la guerre civile
ont tenté et tentent encore de se forger une destinée plus enviable en montant
en grade au sein des compagnies mercenaires, ou en fondant de petites unités au
sein desquelles la compétence et la fiabilité sont de première importance.  

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