Archives mensuelles : juin 2019

Les Ikoniens après la chute

Une fois l’archipel d’Ikonia ravagé, les survivants se divisèrent en trois grands groupes, les sédentaires, les ouramans et les nomades, qui perdurent encore aujourd’hui. Cette division de la société ikonienne a émergé principalement par la façon dont les Ikoniens vécurent la chute de l’Hégémonie et la destruction de leur archipel natal. Ainsi, les sédentaires souhaitent préserver leur identité ikonienne mais sont conscients que les autres peuples n’ont pas oublié leur ancienne domination. Affirmer leur identité tout en évitant de se mettre à dos leurs voisins résume leur ligne de conduite depuis les origines.

Les ouramans, quant à eux, pensent que l’Hégémonie aurait pu évoluer autrement, si une dimension plus collective et respectueuse de sa diversité culturelle avait pu voir le jour. Les dogmes sociaux de l’Église Séraphique et son organisation même en font, du point de vue des ouramans, le meilleur outil possible pour stabiliser les sociétés continentales et éviter dans le même temps les frictions qui causèrent la fin de l’Hégémonie. A cet égard, la guerre civile qui brisa en deux l’Empire de Celalta suscite bien des controverses au sein de la hiérarchie de la Cité Sainte.

Les nomades, à l’inverse, se moquent bien d’une quelconque unité ikonienne, quelles que soient ses ambitions. Issus majoritairement des couches les plus modestes de l’Hégémonie (Effectuateurs peu considérés et Indigents), leurs ancêtres ne voyaient aucun intérêt à préserver un système dans lequel on ne leur accordait guère d’importance.

Les sédentaires
Ils sont présents dans de nombreuses agglomérations à travers les territoires contrôlés par les Célians et les Lyrriens. Ils vivent surtout dans des enclaves ou des quartiers délimités. On trouve également de petites communautés ikoniennes à Belvorov et sur plusieurs îles de la Mosaïque. Ces Ikoniens tentent de préserver une certaine identité culturelle, tout en cohabitant avec leurs voisins bien plus nombreux. Les mariages entre ikoniens de différentes enclaves sont fréquents, mais ceux avec des personnes issues des autres peuples bien plus rares. Les coutumes des sédentaires mélangent à la fois l’héritage ikonien et les us des Lyrriens ou des Célians. Le système des castes existe toujours au sein des communautés sédentaires, mais on ne trouve presque pas de Promoteurs et une poignée seulement de Parfaits. Dans la pratique, les sédentaires sont quasiment tous des Effectuateurs, même si en dehors de leurs quartiers et enclaves, personne n’en a cure. Les enclaves ikoniennes sont généralement pleinement intégrées à la société locale et ne se distinguent que par les us de leurs habitants, et une tendance prononcée à régler leurs problèmes en interne sans impliquer les autorités. Si tous leurs résidents se considèrent avant tout comme des Ikoniens, sur le plan légal, leur situation a beaucoup varié selon les lieux et les époques. Actuellement, les sédentaires sont considérés comme des citoyens impériaux à part entière, par exemple, alors qu’il y a encore un siècle, ils étaient rabaissés au rang d’étranger et qu’il arrivait que des patriciens les fassent expulser et réduire à l’esclavage pour s’emparer de leurs possessions.
Le grand quartier ikonien de Celalta est hospitalier et accueille une foule de fêtards ainsi que des voyageurs de passage, mais il est assez atypique. La majorité des autres enclaves vivent de manière nettement plus autarcique et leurs résidents se montrent assez circonspects envers les visiteurs, allant jusqu’à refuser de les servir dans les commerces du quartier.  Si les lois céliannes ou lyrriennes n’interdisent à personne de s’installer dans un quartier ikonien, dans les faits, rares sont ceux qui s’y essaient et plus rares encore ceux qui parviennent à se faire accepter.

Les ouramans
Ils se désignent d’après l’ancien nom de la Cité Sainte, Ouramas. Fondateurs de l’Église Séraphique, ils veulent donner un nouvel essor aux vieilles ambitions civilisatrices d’Ikonia, en œuvrant à travers leur église à fédérer les différents peuples. Les ouramans ont également conservé le système des castes d’origine, mais ils l’ont sensiblement modifié en y donnant une meilleure place aux non-ikoniens. Ainsi, quelles que soient leurs origines tous les prêtres séraphistes ordonnés font automatiquement partie de la caste des Parfaits, de même que tous les officiers de l’armée de la Cité Sainte rejoignent les rangs des Promoteurs. Dans les territoires de Protectorats, les descendants des Déchus qui ont prêté allégeance à la Cité Sainte sont devenus les Isones, littéralement « ceux qui sont égaux en droits ». Ils sont pleinement intégrés au système des castes et plusieurs lignées isones sont parvenues à atteindre des positions d’importance dans la hiérarchie ouramane. Cependant, les Hiérarques qui dirigent l’Église Séraphique sont encore presque tous des Ikoniens, et les rares Isones qui sont parvenus à se hisser à ce rang ne nourrissent guère d’espoir que l’un d’eux puisse dans un avenir proche devenir Primarque et prendre la tête des séraphistes.

Les nomades
Les nomades ont fait le choix de vivre à l’écart des grandes agglomérations et de tourner le dos aux anciennes traditions ikoniennes, pour créer une société qui leur convienne davantage, sans avoir à se justifier auprès des autres peuples. Les nomades ont adopté un système social clanique, se divisant en familles itinérantes. Ces groupes rejettent le principe des castes et élisent le plus souvent leurs chefs parmi les candidats disponibles. Ces dirigeants occupent généralement leur poste à vie, mais certaines familles préfèrent un système de mandat temporaire, obligeant les chefs à prendre soin des leurs s’ils veulent rester au pouvoir. Les nomades sont généralement peu soucieux de préserver une quelconque « pureté » de leurs lignées. Ils adoptent volontiers des étrangers désireux d’intégrer leurs communautés, du moment qu’ils s’engagent à en suivre les coutumes, à respecter les traditions et à prendre un nom ikonien. Il faut cependant reconnaitre que la plupart des étrangers considèrent les nomades comme des gens à la morale douteuse, et n’envisagent absolument pas de rejoindre leurs rangs.